Séminaire OGU (donner, recevoir, transmettre)

Retour sur le séminaire OGU, au Centre zen de Lanau, du 28 au 31 octobre 2019

Ces dernières vacances de Toussaint, Gabriel, Dominique et moi avons participé au séminaire OGU, suivi par une sesshin de 2 jours et demi, proposé par Guy Mokuho Mercier et la sangha Tenbôrin, au centre
zen de Lanau, près de Saint-Flour dans le Cantal. Il y a eu 4 jours de séminaire sur le thème « Donner, recevoir, transmettre » ce qui, dans le zen, s’exprime par OGU. Le O de OGU signifie « la réponse du receveur à celui qui donne ». C’est le même O que celui de ORYOKI, terme désignant les bols par lequel les moines zen reçoivent leur nourriture de la part des laïcs et à qui, en retour, ils transmettent le Dharma, l’enseignement. C’est aussi le O de OJUKAI, la cérémonie de transmission des préceptes lorsqu’on reçoit l’ordination de Boddhisattva.

Les 4 jours de séminaire ont regroupé 21 participants, majoritairement des moines et des nonnes, mais aussi des Boddhisattvas et des personnes non ordonnées. Ce nombre assez réduit de participants et l’agencement du centre, qui regroupe dans un seul bâtiment, autour d’un petit jardin, le dojo, la salle à manger, les cuisines et les chambres, a permis de créer une certaine intimité entre nous et une très grande proximité avec Guy Mokuho Mercier qui a assuré tous les enseignements et s’est montré, comme
toujours, très disponible.

Les journées étaient très denses, totalement tournées vers l’enseignement, la pratique et l’organisation de la vie du groupe : le lever était à 5h20 avec un premier zazen suivi d’une cérémonie et de la guen maï de 6h à 8h30. Venaient ensuite le samu général (travail pour la communauté) suivi d’un café-thé jusqu’à 10h15. Les enseignements du matin étaient de 10h15 à 12h30, suivis du déjeuner. A 14h30, un nouveau samu général, puis la deuxième période d’enseignements de 15h30 à 18h. De 18h à 19h, c’était un temps personnel, à 19h, le dîner et de 20h30 à 21h30 le dernier zazen, immédiatement suivi du coucher.

Ce séminaire a été très riche, à la fois par la profondeur de l’enseignement, la diversité des thèmes abordés et la possibilité de les mettre en pratique. Les teishos (enseignements/conférences) du premier et du deuxième jour ont porté sur l’origine, l’esprit et la signification des règles monastiques, des rituels, des cérémonies et des symboles dans le zen, en particulier le kesa (l’habit des moines) et les oryokis (les bols). Guy a parcouru rapidement l’histoire de la mise en place des règles monastiques depuis le Bouddha en Inde, leur transmission en Chine et au Japon, et la lignée des principaux maitres qui en sont à l’origine. Nous avons également appris ou revu comment mettre le kesa, comment s’asseoir ou faire les prosternations avec le kesa, comment déplier le zagu (tapis protégeant le kesa), comment pratiquer les oryokis (ouvrir, présenter, manger avec et refermer les bols).

Le teisho du matin du troisième jour a porté sur l’anatomie de notre corps et sur les bonnes et mauvaises manières de pratiquer et d’enseigner la posture de zazen et la marche de kin-hin, sur la prise en compte de la douleur et la manière de donner et recevoir le kyosaku. L’après-midi, Guy nous a présenté et donné la signification de plusieurs ketsumyakus, le document présentant la lignée des maitres qui est remis lors des ordinations de Boddhisattva et de moine ou nonne. Puis, des moines et nonnes qui avaient fait des angos (retraite de formation, en France ou au Japon), nous ont appris à pratiquer les sons des cloches, clochettes, tambours, métal et bois, qui ponctuent la journée, les zazens et les cérémonies. Le matin du quatrième jour, le teisho a porté sur la signification générale des sutras, des ekos (dédicaces) et des daranis (invocations) et sur la manière de les chanter. Par ailleurs, tout au long de la semaine et au cours de la sesshin, nous avons pu pratiquer les sons et les chants, lors de répétitions le soir et au cours des cérémonies du matin et du début des repas. Le séminaire s’est terminé par un enseignement sur la manière d’enseigner dans nos dojos et de préparer des kusens (les enseignements dispensés durant zazen) …

Je retiens de ces quatre jours de séminaire OGU que l’enseignement que nous avons reçu doit être pratiqué avec son corps et son coeur pour être compris … tout comme zazen. J’invite donc chacun à en faire l’expérience. Pour ma part, j’aurai retenu que :

  • il n’y a pas de séparation entre celui qui donne, ce qui est donné et celui qui reçoit. « Donner, recevoir et transmettre » sont indivisibles, sous-tendent toutes les actions de notre vie et expriment notre nature interdépendante.
  • Les règles et les rituels du zen nous incitent à prendre conscience de cela. Ils encadrent notre pratique, dans les dojos et les temples et sont là pour nous inciter au recueillement et à la concentration, pour garder une attention stable et continue en toutes circonstances.
  • Dans la vie en communauté, la pratique des rituels et des cérémonies permettent de prêter attention aux autres, de nous relier et de s’harmoniser avec eux (chants des sutras), de pratiquer l’instant présent (pratique des sons), de développer sa délicatesse et d’abandonner inconsciemment les velléités de notre ego. Ainsi, pour les personnes rebutées par les cérémonies, « ce n’est pas la forme des cérémonies qu’il faut rejeter mais les attachements de notre esprit » !
  • Les chants des sutras, tous suivis de dédicaces (ekos), rendent hommage et expriment notre gratitude envers les Bouddhas et les patriarches du zen et ce qu’ils nous ont transmis.
  • Les symboles que sont le kesa et le bol ont un sens profond et leurs pratiques ont de véritables vertus transformatrices …
  • Le Boddhisattva est celui qui sert les autres. Il doit se comporter comme un panneau indicateur de la voie et enseigner avec son cœur et son niveau de compréhension …

Lors du débriefing du séminaire, tous les participants ont exprimés leur satisfaction des enseignements reçus : riches, variés, pratiques, profonds, rassurants, faisant sens … Nous avons souhaité sa reconduction les années à venir pour que d’autres en profitent et pour approfondir notre pratique. Nous remercions Guy pour tout son travail, sa disponibilité et sa manière d’enseigner, simple et accessible. Nous remercions également la sangha Tenbôrin pour son investissement et l’organisation de cette semaine.

Donnez-vous la possibilité de pratiquer …


Gassho
Xavier
Dojo zen de Marne la Vallée